L’exercice coordonné en MSP : un levier puissant de prévention de l’épuisement professionnel
Dans un contexte où près d’un soignant sur deux rapporte des signes d’épuisement professionnel, la question de la prévention du SEPS devient centrale pour les structures de premier recours. Les Maisons de Santé Pluriprofessionnelles (MSP), en favorisant l’exercice coordonné, représentent aujourd’hui l’un des environnements les plus protecteurs pour la santé mentale des professionnels.
Loin d’être un simple modèle organisationnel, l’exercice coordonné agit comme un véritable facteur de protection face aux risques psychosociaux. Explications.
1. La diminution de l’isolement professionnel
L’un des principaux facteurs d’épuisement des soignants est l’isolement : isolement décisionnel, émotionnel, organisationnel.
En MSP, la présence quotidienne d’autres professionnels permet :
- de partager des situations complexes,
- de confronter des points de vue,
- d’aborder les difficultés sans rester seul avec la charge émotionnelle.
Ce collectif crée une culture de soutien mutuel, essentielle pour contenir les effets du stress chronique.
2. La répartition plus équilibrée de la charge de travail
L’exercice coordonné permet de mieux distribuer les responsabilités grâce :
- au partage des tâches,
- aux protocoles collaboratifs,
- à la présence d’un coordinateur ou d’une coordinatrice,
- à la mutualisation administrative ou organisationnelle.
Cette organisation réduit la charge invisible (gestion, suivi, coordination patient) qui, cumulée au soin, contribue largement à l’épuisement.
En MSP, chacun œuvre dans son champ de compétences... sans porter seul le poids du système.
3. La clarification du cadre et des rôles
Un environnement professionnel protecteur repose sur :
- des missions claires,
- des attentes explicites,
- un cadre organisationnel partagé.
Le travail en MSP permet de construire des cadres opérationnels stables (protocoles pluriprofessionnels, réunions régulières, outils partagés).
Moins d’ambiguïté = moins de tensions internes et moins de conflits de rôle, deux facteurs majeurs de RPS.
4. La construction d’une identité professionnelle collective
Le sens au travail est l’un des antidotes les plus puissants à l’épuisement professionnel.
En travaillant ensemble, les professionnels d’une MSP :
- construisent un projet de santé commun,
- s’investissent dans une dynamique territoriale,
- se sentent appartenir à un collectif utile.
Cette identité “MSP” renforce le sens et la cohérence dans le quotidien du soin, et contrebalance la perte de sens souvent à l’origine du burnout.
5. La mise en place de rituels de régulation
Les MSP qui fonctionnent le mieux sont celles qui ont institutionnalisé :
- les réunions de coordination,
- les temps de régulation,
- les retours d’expérience,
- les espaces d’expression collective.
Ces rituels permettent d’éviter l’accumulation de tensions, de résoudre les dysfonctionnements et de maintenir un climat de travail sain.
6. Un environnement favorable à la prévention structurée du SEPS
Grâce à l’exercice coordonné, les MSP peuvent intégrer facilement des démarches de prévention telles que :
- l’évaluation régulière de l’état de fatigue et des RPS,
- des formations communes,
- ou un accès facilité au coaching professionnel individuel et collectif.
La structuration collective facilite le déploiement d’outils et d’accompagnements, souvent impossibles à mettre en place en exercice isolé.
Conclusion : la MSP, un espace de soin… et de santé au travail
L’exercice coordonné ne protège pas seulement les patients :
il protège aussi les soignants.
En réduisant l’isolement, en partageant la charge, en renforçant le sens et en structurant le collectif, les MSP deviennent un modèle résilient face au risque d'épuisement.
À l’heure où l’attractivité des métiers de la santé est fragilisée, ce modèle représente une réponse concrète, durable et profondément humaine.
